jeudi 24 mai 2012

Drasha de Chiri


BAT MITSVA DE CHIRI TSAL SELA
PARACHAT BEHAR BEHOUKOTAI
NEVE SHALOM – COMMUNAUTE MASSORTI DES YVELINES
18-19 MAI 2012
Bonjour, ma paracha est une paracha double, qui rassemble deux sections : 
La section בְּהַר  et la section בְּחֻקֹּתַי. Ce sont les deux dernières sections du livre de vaykra.
Béhar commence par les mots : béhar sinaï 
וַיְדַבֵּר יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה, בְּהַר סִינַי לֵאמֹר.
et BéHoukotaï par
 אִם-בְּחֻקֹּתַי, תֵּלֵכוּ
בְּהַר et בְּחֻקֹּתַי sont groupées chez nous, alors qu’en Israël on a déjà lu בְּהַר et on ne lit que בְּחֻקֹּתַי
Pourquoi ? Parce qu’en France nous avons pris du retard en faisant deux jours de PessaH.  
Effectivement, être une juive en France n’est pas toujours simple. 
Cela demande peut-être deux fois plus d’efforts et de réflexion. 
Qu’est ce qui fait partie de l’identité française ? Qu’est ce qui fait partie de l’identité israélienne ? Ce sont des questions intéressantes auxquelles je ne vais pas répondre maintenant. 
Comme le disait Rabbi NaHman de Bratslav, l’essentiel, c’est la question ! 


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Ces deux textes sont contradictoire car dans בְּהַר  Dieu nous encourage à être indépendants (même s’il garde un peu le contrôle) tandis que dans בְּחֻקֹּתַי Dieu nous révèle qu’il est entièrement le boss, que nous n’avons que deux possibilités : obéir ou désobéir, et que nous risquons les pires catastrophes en cas de désobéissance.
Nous allons expliquer cela avec un peu plus de détails : 
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(1 – béhar = la liberté et l’autodétermination, lutte contre la manipulation)
Voici la première phrase de בְּהַר :
« 1 L'Éternel parla à Moïse au mont Sinaï, en ces termes: 2 "Parle aux enfants d'Israël et dis-leur: Quand vous serez entrés dans le pays que je vous donne, la terre sera soumise à un chômage en l'honneur de l'Éternel. »
La שמיתה c’est le chabat de la terre qui a lieu une fois tous les 7 ans, c’est comme si on avait un an de vacances tous les 7 ans.
Ensuite c’est le יובל, le jubilée, c’est  la cinquantième année, on rend son bien et ses terres à ceux qui ont été obligés de les vendre, chacun retrouve sa famille, on libère les esclaves le jour de Kipour, où l’on sonne dans le chofar.
Le jubilée est un système qui garantit aux hommes leur liberté et leur indépendance matérielle : En rendant sa terre à celui qui s’est appauvri, on s’assure que sa famille peut reprendre une vie normale, remettre les comptes à 0 (ou à 0,1 ). 
C’est la liberté matérielle.
La chemita, l’année chabbatique, permet aussi de prendre des vacances, et aussi de renforcer son efficacité, ou se concentrer sur d’autres choses, c’est la liberté de choisir tout ce que l’on fait. C’est la liberté mentale.
Ces années chabbatiques sont comme de longs chabbatot.
Bon, d’accord, il s’agit d’une liberté un peu contraignante puisqu’il y a des tas de choses interdites le chabbat. Mais comme elles sont interdites, cela nous oblige à garder du temps libre… et à renouer avec la liberté  !!!!
D’un autre côté, ce n’est pas spécialement facile à appliquer pour moi , mais revenons à notre sujet.
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Le chabbat, nous nous arrêtons de créer, mais justement cela nous rappelle que Dieu lui aussi a cessé de créer. Il laisse ainsi à l’homme le soin de continuer la création. 
nous sommes responsables de ce qui se passe dans le monde.
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(2 – BéHoukotai la manipulation ?)
La première phrase de la deuxième section, béHoukotaï dit ceci : 
« Si vous vous conduisez selon mes lois, si vous gardez mes préceptes et les exécutez, 4 je vous donnerai les pluies en leur saison, et la terre livrera son produit, et l'arbre du champ donnera son fruit. »
Dire si tu fais le bien tu seras récompensé, si tu désobéis, tu seras puni
Cela s’appelle le principe de la rétribution. Cela semble contraire au principe de liberté !
Dieu serait-il accro au pouvoir ? J’ai lu récemment un livre qui parlait de cette addiction au pouvoir : La stratégie Ender. Deux enfants y créaient des personnages virtuels pour contrôler le monde. Tout ceci fait penser à une vulgaire tentative de manipulation, mais je ne pense pas que le judaïsme veuille que nous soyons manipulés ! 
Alors pourquoi ce texte se trouve-t-il dans la Torah ?
Peut-être les enfants d’Israël étaient-ils incapables de bien se comporter sans être menacés. 
Peut-être que c’est aussi notre cas, lorsque nous faisons le bien ou le mal, est-ce par conviction ou par « peur du gendarme » ? 
Lorsqu’on lit ce texte, on se dit qu’on n’aime vraiment pas être menacés, et on se demande aussi si nous sommes assez forts pour faire le bien en toute liberté. 
Cela va peut-être vous surprendre, mais j’aimerais comparer ma paracha à l’art abstrait.
L’art abstrait dit une vérité tout en ne représentant vraiment aucune vérité - pour moi le texte de béHoukotai peut être compris comme de l’art abstrait : si on essaie de comprendre directement, on se lobotomise, si c’est une façon de nous faire réfléchir, cela peut être intéressant même si cela semble parfois étrange.
Si on croit que Dieu risque de nous punir à tout moment, on se lobotomise. Si on comprend qu’on doit faire le bien par nous-mêmes, cela devient plus intéressant.
Si on donne 50 euros aux sans domicile fixe du quartier, quel bien reçoit-on ? Rien d’autre que sentiment d’avoir fait quelque chose de bien.
Le but est de nous apprendre que c’est nous qui sommes responsables.
Maintenant, je vais vous dire ce que je pense de toutes ces questions.
Je ne crois pas tellement à une rétribution de nos actes par Dieu, d’ailleurs, je ne crois pas tellement en Dieu.
Si on fait le bien, on n’aura pas forcément de la chance, mais si on apprend à agir bien on pourra gérer notre chance nous-mêmes.
Nous ne pouvons rien faire pour trouver un billet de 20 euros dans la rue, c’est une chance que nous ne contrôlons pas.  Par contre, nous avons une grande liberté d’action pour nous faire des amis, c’est une chance que nous pouvons contrôler.
On ne peut pas faire en sorte de toujours réussir, mais nous pouvons apprendre de nos erreurs.
Après la bat mitsva, on contrôle de plus en plus sa vie et les parents de moins en moins. Les parents doivent laisser toute la liberté que les jeunes sont capables de gérer, on devient indépendant. 
Pour être libre, on a besoin de trouver nos limites. 
Béhar parle d’être libre, béHoukotai parle des limites. 
Rabbi Bonim disait à ses élèves : « chacun d’entre vous a besoin d’avoir deux poches, pour pouvoir les utiliser dans les circonstances appropriées. Dans la poche de droite, doit être placé un papier sur lequel est écrit : « le monde a été créé pour moi » (cette phrase est tirée de la michna), et dans la poche de gauche un autre papier sur lequel est écrit : « je suis cendre et poussière » (phrase tirée du livre de la génèse).
D’ailleurs, j’ai justement ces deux phrases dans mes poches,
Sortir et lire les deux phrases
Alors merci de m’avoir écoutée à tous et chabbat chalom
ר' שמחה בונים מפשיסחה (מתוך מרטין בובר, האור הגנוז- סיפורי חסידים)
ר' בונים אומר לתלמידיו: כל אחד מכם צריך שיהיו לו שני כיסים , כדי שיוכל להשתמש בזה או בזה לפי הצורך.
בכיס הימני מונח המאמר :"בשבילי נברא העולם" (משנה סנהדרין פרק ד' משנה ה) , ובכיס השמאלי : אנכי עפר ואפר" (בראשית יח' 27)
Chiri Tsal Sela
19 mai 2012

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