mercredi 15 février 2012

KI TESTÉ, RELATION TRIANGULAIRE, ATTENTION DANGER


KI TESTÉ, RELATION TRIANGULAIRE, ATTENTION DANGER

Cela se produit sans cesse. Un élément tiers s’insinue dans nos relations avec autrui sans autorisation, parfois sans même se déclarer.
Les cas sont nombreux, à tous les niveaux. Il peut s’agir d’un rendez-vous gâché par l’immixtion d’un tiers, d’un contrat saboté par la médisance d’un tiers , d’une relation amoureuse mise en danger par les fantômes des ex, d’une relation filiale fragilisée par la dure gestion de l’arrivée d’un autre bébé ou d’un autre partenaire, de négociations entre états infiltrées par la haine ou la crainte ou la manipulation, de négociations  au sein d’un même état faussées par un discours populiste, ou de relations entre des états et leurs citoyens piratés par des intérêts financiers.


Dans toutes ces situations, la pire des configurations est certainement celle du non-dit. Vous ne savez pas, qu’en vous regardant votre interlocuteur invite intérieurement toutes ces choses qui n’ont rien à voir. C’est pour cela que l’adultère est nommé « tromperie ». Il est rare que la troisième personne soit mentionnée au conjoint. C’est plus confortable, mais totalement malhonnête. La personne piégée s’évertue alors à résoudre de faux problèmes, puisqu’on lui cache la question centrale, qu’elle soit tromperie ou conflit d’intérêt.
Notre paracha nous recommande d’éviter ce type de triangulation. Les relations à deux doivent rester claires et d’une nature comparable. On ne peut pas atteler ensemble un bœuf et un âne, leur différence anatomique viendrait faire obstacle à leur collaboration. On ne peut pas tisser ensemble laine et lin, la diverse nature des fibres, réagissant aux évènements de façon non coordonnée et distordrait la trame. L’adultère et l’inceste, qui faussent les relations, sont proscrits. Au contraire, les frange de nos vêtements, les tsitsiot, sont là pour nous rappeler l’importance de chaque instant de nos vies, de chaque commandement, et nous invitent à ne rien laisser s’immiscer entre nous et notre conscience, entre nous et notre relation à nos vies.
Le début de notre paracha présente trois protagonistes : une femme mariée, un soldat qui est son époux, une captive que le soldat désire. Situation triangulaire dangereuse, dans laquelle chaque protagoniste est en danger. La femme risque l’abandon, la captive risque le viol, le soldat risque le glissement dans l’inacceptable. Qui faut-il protéger ?
Le texte énonce :
« Tu l’emmèneras d’abord dans ta maison; elle se rasera la tête et se coupera les ongles, se dépouillera de son vêtement de captive, demeurera dans ta maison et pleurera son père et sa mère, un mois entier. Alors seulement, tu pourras t’approcher d’elle et avoir commerce avec elle, et elle deviendra ainsi ton épouse.» (Deut. 21 :11,12)
Dans le vide émotionnel et le plein d’adrénaline de la guerre, une femme peut revêtir un attrait dangereux auprès du soldat. Les guerres des hommes s’accompagnent presque toujours du viol des femmes.
En sortant la captive de son état de guerre, la torah la fait entrer dans la quotidien.
Elle redevient un être humain. Elle se dépare de ses atours, et rentre dans ses sentiments réels, les pertes qu’elle a subies, il faut lui permettre de procéder au travail de deuil. Elle n’est plus captive.
La guerre finie, l’attente permet au soldat de redevenir un être humain, il peut se défaire du charme malsain qui le fascinait. Il n’est plus captif.
L’épouse, pour sa part, est dans son élément, et a tous les atouts en main pour que son mari la retrouve. Elle retrouve sa lumière.
La trame malsaine est détricotée. La solitude, l’adrénaline, le flirt avec la mort sont repoussés.
Le chabbat nous sort de captivité, qui extirpe de situations de stress, de solitude, de renoncement.
Comme le dit LéHa Dodi « cela fait trop longtemps que tu es installée dans la vallée des larmes, réveille-toi de ton cauchemar et chante, revêts-toi de tes vêtements de splendeur, et deviens un refuge pour ceux qui sont dans la détresse. » (citation libre)  Comme le commande la deuxième version des 10 commandements : « Le septième jour est la trêve de l’Éternel, ton Dieu: tu n’y feras aucun travail, toi, ton fils ni ta fille, ton esclave mâle ou femelle, ton bœuf, ton âne, ni tes autres bêtes, non plus que l’étranger qui est dans tes murs; car ton serviteur et ta servante doivent se reposer comme toi. » (Deut. VaétHanan 5 :12)
Une fois encore, la liberté des uns commence là où commence celle des autres…